Le coût élevé du transport aérien intérieur est largement dû aux taxes et frais très coûteux que le gouvernement fédéral inflige à ce secteur, selon l'IEDM.
« Réduire le prix des vols intérieurs est pleinement du ressort d'Ottawa, comme il est l'un des principaux responsables de leur niveau élevé », explique Gabriel Giguère, analyste senior en politiques publiques à l'IEDM. « Pourtant, le gouvernement se refuse à remédier à la situation et préfère rejeter la faute sur l'industrie du transport aérien. »
Le gouvernement exige tout un éventail de taxes et de frais aux aéroports et aux passagers, ce qui représente une bonne partie du prix des billets d'avion sur les liaisons intérieures les plus fréquentées.
Par exemple, les passagers acquittent directement le droit pour la sécurité des passagers du transport aérien, soit 9,94 $ par vol intérieur et 34,42 $ par vol international. Aux États-Unis, ce même droit est plafonné à 15,42 $ canadiens par aller-retour.
Indirectement, les passagers payent aussi la location des terrains aéroportuaires par le truchement des frais d'améliorations aéroportuaires facturés sur tous les billets.
De fait, bien que les aéroports canadiens soient exploités par des organismes sans but lucratif privés, les terrains qu'ils occupent appartiennent au gouvernement fédéral, qui perçoit un loyer à cet effet. Ces coûts sont alors refacturés aux compagnies aériennes, et, ultimement, aux passagers.
En 2024, les autorités aéroportuaires ont payé un loyer record de 494,8 millions de dollars au gouvernement fédéral, soit une hausse de 75,6 millions sur une seule année. Voilà une dizaine d'années, en 2014, ces mêmes frais étaient de 294,4 millions de dollars. Il y a donc eu une hausse de 68 pour cent en seulement une décennie.
Pour les grands aéroports, le loyer représente entre un quart (à Calgary) et un tiers (à Vancouver) des revenus générés par les frais d'améliorations aéroportuaires.
À titre d'exemple, pour un aller-retour Montréal-Toronto, les passagers payent 77 $ de frais d'améliorations aéroportuaires, dont 25 $ - soit près du tiers - servent à assumer le montant des loyers à verser à Ottawa.
De même, sur un vol à 190,04 $ entre ces deux villes, la part de ces frais revenant au gouvernement, à laquelle s'ajoutent des taxes de vente, s'élève à 68,04 $, c'est-à-dire environ 35,8 pour cent du prix du billet.
Voici la déclinaison des coûts observés sur d'autres grandes lignes aériennes du Canada :
- Sur un aller-retour à 266,46 $ entre Vancouver et Montréal : 72,54 $ de redevances, soit 27 pour cent du prix du billet.
- Sur un aller-retour à 118,36 $ entre Toronto et Calgary : 51,03 $ de redevances, soit 43 pour cent du prix du billet.
- Sur un aller-retour à 183,06 $ entre Vancouver et Toronto : 51,52 $ de taxes, soit 28 pour cent du prix du billet.
D'après le Bureau de la concurrence, lorsqu'une nouvelle compagnie aérienne commence à desservir un itinéraire donné, les tarifs diminuent de 9 pour cent en moyenne.
« Ottawa peut rendre aux vols domestiques leur caractère abordable, puisqu'il est le plus grand contributeur à leur niveau élevé », ajoute M. Giguère. « En se servant des aéroports comme de vaches à lait plutôt que comme infrastructures cruciales, le gouvernement lèse les Canadiens qui ont besoin de services aériens fiables pour se déplacer d'un bout à l'autre du pays. »