Le samedi 23 novembre 2024
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L'approche stratégique en résolution de problème

14 juin 2011


Lorsque survient une problématique de sécurité publique dans une municipalité, par exemple des actes de vandalisme ou d’incivilité dans un parc, le premier réflexe est évidemment de tenter de trouver un coupable, de punir les fautifs. Mais, à long terme, règle-t-on réellement le problème? La répression est-elle la seule avenue? Et, par ailleurs, la solution incombe-t-elle seulement au policier, ou la municipalité, le milieu scolaire, les commerçants ou les citoyens peuvent-ils y contribuer?

L’approche stratégique en résolution de problème (ASRP) utilisée par plusieurs corps policiers, dont la Sûreté du Québec, va dans ce sens. Elle suppose que, pour plusieurs cas de sécurité publique, il faut aller au-delà de l’incident et plutôt en analyser les causes afin d’apporter une solution concrète et durable, et ce, en partenariat avec les différents acteurs pour qui l’incident ou le problème a un impact sur leur qualité de vie.

Traditionnellement, les policiers ont travaillé presque exclusivement sur la recherche de preuves en vue de faire condamner un coupable. C’est dire qu’à l’époque les policiers intervenaient sur l’incident, donc sur les symptômes du problème, plutôt que d’agir sur ses causes réelles. Toutefois, l’approche de police communautaire, qui a fait son entrée dans les services policiers à la fin des années 80, a permis de d’adopter l’ASRP plutôt que d’encourager les pratiques policières plus usuelles qui consistaient principalement à agir en réaction aux évènements.

Selon l’ASRP, les délits et incidents constituent un « problème » lorsqu'ils deviennent une source de préoccupation en raison de leur caractère répétitif et qu’ils touchent de nombreuses personnes vivant au sein d’une communauté. De ce fait, l’ASRP repose en grande partie sur le principe du partenariat. On vise donc une décentralisation et une responsabilisation des paliers les plus proches de l’action, et le poste local agit comme le pivot de l’intervention. Conséquemment, on arrive à une analyse plus juste du problème et à une intervention qui correspond aux attentes et aux besoins à la fois des élus, des citoyens et des policiers.

Ainsi, aujourd’hui, une problématique récurrente de méfait dans un parc serait abordée par les policiers de la Sûreté selon une approche stratégique en résolution de problème, qui permet de dépasser l’incident et d’aborder le cas de façon stratégique. Par une démarche basée sur l’ASRP, on tente de dégager une compréhension plus globale de la situation. Ainsi, d’un côté on élargit la perspective sur la détermination des problèmes sous-jacents, et de l’autre on met en œuvre des solutions ingénieuses et efficaces à long terme. Conséquemment, on essaie, entre autres, de mesurer l’ampleur du problème, de préciser comment il touche les policiers et les citoyens, de définir quelles sont les conditions qui favorisent ce problème, quelles sont les solutions possibles et qui sont les partenaires potentiels.

L’ASRP se divise en cinq étapes :

  1. Délimitation du problème
    À cette étape, on mesure l’ampleur et la complexité du problème et on évalue en quoi il concerne la police et la communauté.
     
  2. Mise en place de mesures transitoires
    Celles-ci consistent à mettre en œuvre certaines actions policières en attendant de trouver une solution permanente. C’est en quelque sorte un pansement sur le « bobo » en attendant le remède.
     
  3. Analyse de la situation problématique
    L’analyse consiste à bien cerner la problématique, donc à analyser et à associer toutes les données existantes afin de dégager une hypothèse concernant les causes.

  4. Élaboration et mise en œuvre d’un plan d’action
    Cette étape permet d’établir des objectifs d’intervention et de préciser les activités et les ressources nécessaires pour atteindre ces objectifs.

  5. Évaluation des interventions et suivi
    Partie intégrante du plan d’intervention, cette étape permet d’évaluer le déroulement et les résultats de l’intervention, de la modifier ou d’améliorer sa planification et sa réalisation.

Les phases d’analyse, d’élaboration et de mise en œuvre d’un plan d’action ainsi que l’évaluation se font en partenariat étroit avec les acteurs concernés afin que tous prennent part à la définition des orientations et à la mise en œuvre des solutions.

Ainsi, en plus du partenariat qu’elle permet d’établir avec les municipalités, les citoyens et les acteurs, deux objectifs principaux sont poursuivis par la démarche ASRP, soit une réduction durable de certains types de délits et une utilisation plus efficace des ressources policières. Cette approche permet en effet de mieux contrôler la croissance du nombre des appels de service par des interventions destinées à apporter des solutions définitives aux problèmes récurrents de sécurité publique.

Une ASRP réussie pour la MRC Pierre-De Saurel!
 
En 2008, le poste de la MRC Pierre-De Saurel et plusieurs partenaires locaux ont décidé qu’une intervention était nécessaire aux abords du quai du traversier reliant Sorel-Tracy et Saint-Ignace-de-Loyola. En effet, à certaines périodes, une congestion nuisible à la circulation était remarquée au moment de l’approche du traversier. Par ailleurs, dans la dernière année, le poste de police avait noté une recrudescence du nombre des collisions dans ce secteur ainsi que des appels relatifs au maintien de l’ordre et à l’assistance au public, notamment pour des cas de rage au volant. De plus, la congestion entravait la circulation des véhicules d’urgence.

S’associant à divers partenaires tels que la Société des traversiers du Québec (STQ), Transports Canada, la Ville de Sorel-Tracy, la Société de développement commercial du Vieux-Sorel et le Service de sécurité incendie de Sorel-Tracy, les policiers responsables du dossier ont pu adopter une approche stratégique en résolution de problème pour tenter de corriger la situation.

L’analyse faite en collaboration avec les partenaires a permis de réaliser que le problème touchait de nombreuses personnes, notamment les transporteurs qui vont s’approvisionner aux élévateurs à grains, les commerçants du centre-ville, les résidents du secteur ainsi que les employés et les usagers du traversier. Aussi, les jours et les heures les plus problématiques ont pu être déterminés.

Grâce aux partenariats et aux nombreux échanges, plusieurs solutions convenant à l’ensemble des acteurs concernés ont été envisagées. Parmi les principales solutions retenues par les partenaires, on trouve la création de voies d’attente, l’amélioration de la signalisation, l’embauche par la Ville de Sorel-Tracy de deux signaleurs pour faire la signalisation en période de pointe et une présence policière accrue afin de mener des opérations touchant la courtoisie et pour appliquer la réglementation.

L’ASRP et les mesures mises en place ont porté leurs fruits puisqu’en 2008, par l’analyse des cartes d’appel, on a dénombré à cet endroit 25 collisions, 9 appels relatifs à la circulation et 1 demande d’assistance au public. Or, l’étude des cartes d’appel de 2010 a démontré qu’aucune collision ni demande d’assistance au public n’avait été enregistrée, et que seulement trois appels relatifs à la circulation avaient été reçus.

Pour plus d'information

Sûreté du Québec
Adresse: 1701 rue Parthenais, Local 4.01
Montréal Québec
Canada H2K 3S7
www.sq.gouv.qc.ca
Geneviève Gardère
Conseillère
Direction des relations avec les municipalités et des communications

chroniquedrmc@surete.qc.ca