Sentez-vous monter la fièvre? Non non, pas la fièvre du hockey… Pour sentir une véritable fièvre du hockey, il nous faudrait pas mal plus qu’une télé-rivalité d’équipes d’amateurs, si médiatisée soit-elle, entre Québec et Montréal. Au moins si c’était le retour des Nordiques… Eh bien non! La fièvre dont j’ai envie de vous parler est celle des olympiques d’hiver, qui auront lieu du 12 au 28 février. Et cette fièvre moi je la sens, sans bon sens. C’est peut-être mon « glorieux » passé d’athlète? Oui madame! (detail_chronique.php?ID=361755), où simplement mon petit côté « sportif de salon »? Toujours est-il que moi j’ai vraiment hyper hâte aux jeux d’hiver. Vous? Ça vous laisse froid, non, de glace? Eh bien vous ne devriez pas… Non seulement c’est un rendez-vous festif de nos champions des sports d’hiver, mais j’ai l’ultime conviction que jamais on aura vu des Jeux olympiques d’hiver aussi verts, que ceux de Vancouver. Et ce sera doublement dans ma palette d’écolo, que ce vert foncé se conjuguera avec Durabilité. (https://www.vancouver2010.com/fr/plus-information-2010/durabilité)
Oh, je sais, ce n’est pas nouveau. Les olympiques surfent officiellement sur l’environnement depuis 1994. Au fil d’arrivée de la charte olympique, l’environnement est même enchâssé comme valeur olympique, à deux boules de neige à peine, après les sports et la culture. Non, mais que de pistes parcourues dans l’évolution des valeurs olympiques. Si depuis 1884, l’athlète voulait avant tout laisser sa trace, en performant « plus vite, plus haut, plus fort », les nouveaux jeux visent justement au contraire à ne pas laisser d’empreinte, (écologique) on s’entend. À « plus vite, plus haut, plus fort », s’ajoute cent ans plus tard et ça s’entend, « moins d’eau, moins d’énergie, moins de pollution et moins de déchets engendrés. C’est ça, non pas la formule miracle, mais plutôt l’athlétique parcours qui mène non sans peine, au podium du développement durable.
Vous voulez des exemples solides? Parlons bâtiments alors. Neuf projets de construction des Jeux d'hiver de Vancouver, dont le Village olympique de Vancouver et le Parc olympique de Whistler ont reçu le prix « Excellence in Green Building Practices», pour souligner l'excellence écologique de leur construction. Ce prix “constructif”, a été remis à 15 cabinets d’architectes participant à la construction d’installations olympiques. Il a été décerné par le World Green Building Council (https://www.worldgbc.org) et la fondation GLOBE (https://www.globe.ca), deux groupes internationaux voués à la recherche de solutions durables dans le bâtiment. Et comme les jeux sont une vitrine internationale hautement médiatisée, avec 3 milliards de téléspectateurs (affirme-t-on fièrement) ça pourrait comme qui dirait, inspirer quelques autres bâtisseurs de par le monde.
Bon, mais ça se traduit comment, dans le concret, ces innovations? Eh bien, on a réussi à la source, c'est-à-dire dès la planification et la construction, à réduire leur empreinte écologique, c'est-à-dire leur consommation de ressources et leur production de GES. Prenons par exemple l’anneau olympique de Richmond où nos québécois, Clara Hughes, Mathieu Giroux et François-Olivier Roberge courseront en patinage de vitesse longue piste. Eh bien, le toit imposant de cet édifice a été construit de bois récupéré, endommagé par une maladie infectieuse fréquente en Colombie-Britannique, le dendroctone du pin ponderosa. N’ayez pas peur ça ne s’attrape pas ! Avec une taille de plus de 20,000 mètres carrés, ce magnifique toit, je le soutiens, est une des plus grandes surfaces jamais construites avec du bois jugé inutilisable, du moins jusqu’à ce jour. En revalorisant ce qui aurait pu être considéré comme un simple déchet, on a ainsi réalisé un petit exploit. Mieux encore? Toujours à l’anneau de glace, on recueillera l'eau de pluie qui tombera sur ce grand toit, et pour l’acheminer où croyez-vous? Réponse ? Vers les nombreuses toilettes de l’édifice, voyons, c’était un réel besoin. On s’est simplement mais génialement demandé pourquoi utiliser de l’eau potable, traitée à grands frais, alors que l'eau de pluie collectée était idéale pour faire fonctionner de simples chasses d’eau de toilettes.
Vous voulez un autre exemple, hot? Parlons de chaleur alors, et donc d’énergie, car ici plusieurs sites des Jeux olympiques et paralympiques de Vancouver 2010 ont été conçus, afin justement de réutiliser la chaleur et l’air chaud, produits par les nombreuses activités qui s’y dérouleront. Pour relever ce défi, les équipes de conception des sites ont suivi à la lettre les principes du système d’évaluation LEED (Leadership in Energy and Environmental Design). On a donc opté pour une grande efficacité énergétique, et réduit de ce fait l’utilisation d’énergie électrique et les émissions de gaz à effet de serre qui en découlent. C’est le cas du site Hillcrest/Nat Bailey Stadium Park, où se dérouleront les épreuves de curling. La chaleur générée par la réfrigération de la patinoire y sera captée, et servira à chauffer une piscine de 50 mètres située non loin de là, dans un nouveau centre communautaire récréatif et aquatique.
Et puis, comme il ne suffit pas de minimiser l’utilisation de nos ressources, lorsqu’on veut vraiment réduire son empreinte écologique, les olympiques de Vancouver ont voulu aussi s’attaquer aux gaz à effet de serre (GES) produits par l’événement. Si des citoyens doutent encore de la menace du réchauffement climatique, ils auraient dû voir la glaciale inquiétude qui miroitait dans les yeux des organisateurs, au moment ou la neige se faisait rare en raison justement de ces dérèglements du climat. Alors, parlons transports, puisque c’est connu, ce sont eux qui sont responsables au Canada de plus de 27% de nos gaz à effet de serre. (38,5 % au Québec). Le Canadien Pacifique utilisera 20 locomotives de la série Evolution (R) de GE pour transporter l’équipement et les biens des olympiques par train. Ces locomotives dégageront 42 pour cent d’oxydes d’azote et 67 pour cent de moins de particules, que les locomotives traditionnelles. Doté de dispositifs automatiques de démarrage et d’arrêt, chaque train réduit la quantité d’émissions équivalente à celle de 280 camions sur nos autoroutes. Petit train va loin… Puis, durant les jeux d’hiver de Vancouver où on attend 250,000 visiteurs et 10 000 représentants des médias, on fera tout pour diminuer la circulation des véhicules à passager unique, ce qui devrait entraîner une baisse du bilan carbone des Jeux d’hiver de 2010. Il sera donc interdit de se stationner sur les sites olympiques, et belle trouvaille, les billets pour les compétitions comprendront des laissez-passer pour le transport en commun.
Toujours en misant sur la réduction à la source, on a aussi revu de fond en comble la stratégie des jeux en ce qui a trait à la précieuse et stratégique alimentation électrique. On imagine bien les conséquences spectaculaires qu’aurait une panne d’électricité, durant les cérémonies d’ouverture ou de clôture, ou pire, une panne de chronomètre durant une compétition ou trêve de malchance on « était » en train de battre un record du monde. Lors de Jeux olympiques antérieurs, il n’était pas rare que jusqu’à 600 génératrices portatives alimentées au diesel soient utilisées « au cas ou » pour fournir l’énergie de secours aux sites olympiques et paralympiques. Or ces génératrices fonctionnaient sur une base continue ou au ralenti pour être toujours prêtes à être activées à plein régime. Non seulement étaient-elles source de pollution sonore, mais elles consommaient inutilement du carburant, et émettaient surtout d’indésirables gaz à effet de serre. Mais ce ne sera pas le cas aux Jeux de Vancouver. Car on a bâti deux lignes souterraines distinctes de transport d’énergie de BC Hydro, branchées elles aussi à des sous-stations indépendantes. Si le courant électrique venait à manquer à une source d’alimentation, la commutation automatique serait alors activée, ni vu ni connu, pour puiser l’énergie nécessaire au site à partir de la source de réserve.
Mais tout étudiant à l’utopiste Université du Développement durable vous le dira, le D.D. ne se limite pas à l’environnement. S’il est clair que l’économie sera au rendez-vous dans cette entreprise hautement capitaliste que sont les olympiques, qu’en sera-t-il du social, des citoyens, du vrai monde, quoi, à Vancouver 2010? On y a pensé. Peut-être pas autant que le voudraient les féroces détracteurs des olympiques, mais on y a pensé (https://www.no2010.com). On a ainsi investi près de 2 millions de dollars auprès d’entreprises et d’organismes des quartiers défavorisés de Vancouver qui autrement, n’auraient pu profiter des occasions d’affaires engendrées par la tenue des Jeux. À titre d’exemple, les 1 700 bouquets de fleurs qui seront remis aux vainqueurs des compétitions auront été assemblés par des femmes ayant de la difficulté à intégrer le marché du travail. Bon nombre d’entre elles se réhabilitent ainsi d’une dépendance, rentrent de prison, ou tentent ainsi de quitter le milieu de la prostitution.
De plus, un protocole historique a été signé avec les quatre Premières nations hôtes. C’est la première fois que pareil partenariat est conclu avec des peuples autochtones pour la tenue de Jeux olympiques. Ce partenariat visait à faire en sorte que les Premières nations, propriétaires des territoires traditionnels sur lesquels auront lieu les Jeux, participent à la planification, la présentation et aussi à l’héritage des Jeux. La valeur totale des contrats de construction des sites alloués à des entreprises appartenant à des Autochtones s’est élevée à près de 54 millions de dollars.
Et quand on parle d’impact sur les citoyens… Le relais du flambeau olympique est-il passé par chez vous? Moi si. Ce fut d’ailleurs à St-Augustin de Desmaures, une des activités les plus courues de l’année. Sérieusement, saviez-vous qu’on a permis cette année à 1000 Canadiens de porter le flambeau, justement parce qu’ils font concrètement leur part pour l’environnement. Vous rigolez en vous disant que c’est un simple bon coup de marketing vert? C’est votre droit ! Sachez que cette verte participation citoyenne résulte, et ce n’est pas rien, d’une consultation étroite avec le très crédible Fonds mondial pour la nature (Canada) (https://wwf.ca/fr) et la non moins sérieuse Fondation David Suzuki (https://www.davidsuzuki.qc.ca). Le commanditaire, le pétillant Coca-cola, offrait en effet cette opportunité à ceux qui concrètement, réussissent au quotidien à réduire leur empreinte écologique. Non, mais si c’est pas avoir de la suite dans les idées? Vous gérez scrupuleusement votre consommation d’énergie et l’eau? Vous auriez alors pu vous aussi porter le flambeau. Vous avez réduit vos émissions de GES ou simplement vous réutilisez et recyclez? Vous auriez donc pu vous aussi participer. Bravo Coca–Cola! Comment ça mollo Thiboutôt? Quel est le problème avec Coke? Courir, tout comme patiner à pleins gaz est une excellente façon de brûler les 9 cuillères à thé de sucre contenues dans chaque canette régulière de boisson gazeuse, non?
D’ailleurs, parlons-en du fameux flambeau. Savez-vous moi ce qui m’allume dans sa conception? Oui, évidemment, le fait qu’il a été conçu et assemblé par nul autre que Bombardier, ici même au pays, contrairement aux dossards fabriqués en Autriche, hummm. Mais plus encore, écologie oblige, 90 % des matériaux utilisés dans la fabrication du flambeau, soit l’aluminium, l’acier inoxydable, le cuivre et le laiton pourront être recyclés après l’événement, et cela encore une fois, pour minimiser l’empreinte écologique du flambeau. Même le système de combustion est conçu pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), durant son parcours de 45 000 km par voie terrestre, aérienne et maritime.
Il est connu de tous qu’il y a toujours deux cotés à une médaille, et à Vancouver, les médailles le prouveront hors de tout doute. Non seulement viendront-elles couronner les efforts et performances des plus grands, mais leurs alliages symboliseront l’orientation écologique des Jeux de Vancouver. Pourquoi? Parce qu’elles seront constituées de matériaux recyclés, en provenance d'appareils électroniques inutilisables. Pour toutes ces raisons et celles que je n’ai pas eu le temps et l’espace d’exprimer, Vancouver comme ville-hôtesse des olympiques, mérite je crois un podium… Je ne sais quel pays raflera le plus de médailles, mais ce qui est sur, c’est que la médaille d’or écolo de l’histoire des Jeux olympiques d’Hiver, devrait aller, encore plus qu’à Turin, à Vancouver 2010.