Le lundi 23 décembre 2024
RIM

Un Pneu de Changement pour Mieux se Conduire …

15 janvier 2010

Je viens de me faire poser de nouveaux pneus d’hiver. En fait non, ce n’est pas tout à fait exact, j’avoue. Je me suis plutôt fait poser une automobile neuve sur de nouveaux pneus d’hiver. Ben oui quoi, j’ai une nouvelle voiture! Bon, ça y est… J’entends les sarcasmes. « Franchement ! Ce prétendu écolo de Thiboutôt aurait pu donner l’exemple et nous prouver qu’on peut se passer d’une automobile!? Au moins, comme ça, il aurait vraiment fait sa part pour réduire les satanés gaz à effet de serre (GES)… » WO les moteurs, je fais ma part! C’est vrai que je ne suis pas un « jusqu'au-boutiste », qui va quel qu’en soit l’impact, jusqu’au bout de ses convictions. Non, moi je serais plutôt un « thiboutiste », puisque j’y vais justement petit bout par petit bout, graduellement. Mais je fais ma part, non d’un différentiel! Ma nouvelle Toyota PRIUS, louée soit-elle, a en effet au moins le mérite d’être hybride…

Eh oui… Mon nouveau bébé fait non seulement déjà ses nuits, mais se contente coté biberon d’un petit 5 litres d’essence, pour rouler 100 kilomètres. C’est simple, c’est le véhicule automobile le moins assoiffé d’essence toutes catégories confondues, la petite Smart incluse (https://oee.nrcan.gc.ca/transports/personnel/achat/gagnants-energuide.cfm) sur nos routes.  Ça me fait penser que je devrais peut-être le baptiser Steven plutôt que Stephen?! Non, mais, je ne veux pas jouer aux oiseaux de malheur, mais lorsque le prix à la pompe du carburant fossile volera (du verbe voler) au dessus de la barre du 1.50 $ - 2.00 $ le litre ou probablement plus, mon choix sera d’autant plus gagnant. Ce sera d’ailleurs le cas des trop rares véhicules hybrides, qui ne comptent en ce moment que pour moins de 3% de notre parc automobile. Le plus beau dans cette histoire c’est que ma satisfaction ne s’arrête pas là. Parce qu’elle est très économe d’essence, ma Prius va en effet émettre annuellement près de 2 tonnes et demie de CO2 de moins que mon « ancienne » Matrix 2006, qui en son âme et carcasse était portant bien loin d’être un boulimique Hummer. En passant ainsi, de 6.3 à 4 tonnes de gaz à effet de serre (GES) par année, je vais donc réduire substantiellement à la source, mon empreinte climatique. Et je l’allégerai d’autant plus, que rien ne m’empêche de continuer joyeusement à pratiquer le covoiturage grâce à Amigo-Express, lors de mes plus longs trajets d’affaires entre Québec et Montréal, Victoriaville ou Chicoutimi. (https://www.amigoexpress.com/passenger/check_display_home_p.php).

Ça me fait penser qu’au moment même où le Salon de l’Automobile de Montréal bat son plein, d’essence, après Détroit mais avant Montréal, je rêve  du jour où en magasinant un véhicule, le prix et la consommation de carburant ne seront pas les seuls indicateurs qu’on nous donnera pour faciliter notre choix. Comme le fait déjà le département américain de l’énergie au www.fueleconomy.gov (en anglais seulement, évidemment), je souhaite qu’ici aussi Ressources Naturelles Canada et les fabricants en viennent à indiquer systématiquement et en grandes pompes, non seulement (1)=la consommation d’essence, mais aussi justement (2)=le nombre de tonnes de dioxyde de carbone (Co2) émis annuellement par notre véhicule. Les deux sont d’ailleurs directement liés,  non pas pour le meilleur, mais pour le pire. Puis, tant qu’à faire, pourquoi ne pas nous indiquer aussi comme aux États-Unis, l’autre type de pollution générée qui n’a rien à voir avec les gaz à effet de serre (GES) et le réchauffement climatique, c'est-à-dire (3)= le degré de pollution de l’air, génératrice de smog et nocive pour la santé. Lorsque vient le temps du magasinage, ces incontournables informations pourraient jouer le rôle d’une véritable bougie d’allumage, et nous rendre plus critiques lors du choix d’une automobile, si bien sur, toute considération faite on y tient encore.

Bon. Certains parmi vous diront qu’en me procurant un véhicule hybride, j’ai essentiellement voulu me donner bonne conscience?!  Eh bien non et oui. Je dirais plutôt que j’ai simplement tenté d’être conséquent avec mes valeurs, en roulant de la parole aux actes. Étant toujours mal desservie sur mon chemin rural par le transport en commun, je n’ai pas choisi la solution idéale, mais plutôt un M & M, c'est-à-dire un moindre mal. J’étais pourtant bien prêt à considérer l’achat d’une auto 100% électrique, telle la québécoise ZENN (Zero Emission No Noise), mais sur l’autoroute des déceptions l’histoire en aura une fois de plus décidé autrement. Moi je trouve que ça m’aurait fait une bonne petite seconde voiture, avec ses pointes de vitesse à 40 km/h, mais le constructeur Zenn Motor dont l’usine était à Saint-Jérôme, a malheureusement annoncé que la production de la Zenn cessera d'ici le 30 avril prochain… Est-ce encore le fruit d’une sourde conspiration ?  Ou est-ce le fait qu’elle ne puisse pas rouler très vite et plus que 60 kilomètres entre chaque recharge de huit heures, qui explique sans doute pourquoi, à peine une douzaine de véhicules ont trouvé preneurs au Québec. Seule consolation ? La compagnie compte plutôt se consacrer à développer le prometteur système électrique ZENNergy, mais pour d’autres constructeurs automobiles, plutôt que d’assembler elle-même le petit véhicule.

Cela dit, sans chercher des excuses, j’aurais pu aller pas mal plus loin dans ma démarche écologique. Tenez par exemple… Je me suis fait poser de très bons pneus d’hiver, mais je ne n’ai pas insisté pour que ce soit des pneus « verts »… La raison? Honnêtement ? C’est que je ne savais même pas que des pneus « verts » existaient… Non! Ils sont toujours de couleur noire, mais ces pneus aux noms évocateurs d’ÉnegySaver, GreenX, EcoContact, Ecopia, Bio Tred ou Energy, ont le profil vert. Ils ont en effet une caractéristique importante, ils offrent une moindre résistance au roulement, ce qui n’est pas rien, quand on sait que le pneu est responsable à lui seul de 20 % de la consommation de carburant de votre voiture. Dit autrement, un plein sur cinq est siroté par vos pneus, car les matériaux dont ils sont fabriqués se déforment, s'échauffent et finissent par dissiper une bonne partie de l'énergie produite et transmise par le moteur. Les pneus « verts » auraient cette particularité de dissiper moins d’énergie inutilement. Ce qui se traduit par une réduction de la consommation d’essence qui pourrait aller de 2 à 5%, sans compromettre l’adhérence et la sécurité, nous promet-t-on. Or qui dit  réduction de la consommation en carburant dit aussi, je vous le rappelle,  réduction des émissions de CO2… Michelin affirme y avoir pensé le premier. Libre a vous de penser qu’il s’agit là d’un simple bon coup de marketing », sauf que depuis la création de ces premiers pneus verts en 1992.  (https://www.michelin-green-meter.com/main.php?cLang=fr), les économies de consommation de par le monde, seraient à ce jour de 12 milliards de litres de carburant, ce qui aurait permis d’éviter l’émission de plus de 30 millions de tonnes de CO2. Or dans la foulée de ces « relativement  récentes » préoccupations écologiques, d’autres grands fabricants comme Pirelli, Bridgestone, Continental et Goodyear en offrent désormais. Goodyear est même parvenu à obtenir une subvention de 3 millions d'euros de la part de la Commission européenne pour développer son prototype. C’est dire comment l’enjeu des pneus à moindre résistance au mouvement est de taille.

Et ce qui est aussi de taille dans l’industrie automobile, c’est le virage entrepris aussi,  en ce qui a trait à la récupération de certains déchets dangereux générés par nos bazous, minounes et tacos, quel que soit leur âge. Parce que le gouvernement du Québec a mis en routes plusieurs initiatives musclées, l’heure désormais, n’est plus aux vœux pieux avec les vieux pneus. Le plus récent bilan de Recyc-Québec (2008) fait état de belles réussites fort concrètes. L’objectif de valorisation des pneus usagés, qu’on avait fixé à l’origine à 85 % est  dépassé depuis 2002, puisqu’on en récupère et que surtout on revalorise 88 % des caoutchouteuses carcasses. On a peut être pas réinventé la roue, mais dans ce secteur, que de progrès accompli ! Le domaine des changements d’huile a lui-même changé. On récupère et on traite désormais 92% des huiles usagées dépassant d’innombrables litres et gallons, l’objectif de 75 % qui avait été initialement fixé. Et ce succès est dû, au précieux travail, goutte à goutte, de la Société de gestion des huiles usagées (SOGHU). (https://www.soghu.com/fr/province.aspx?prov=11)

Pas surprenant, dans ce verdoyant contexte, qu’apparaissent au Québec depuis peu, des « garages verts ». Vous ne connaissez pas encore de  garages portant fièrement la certification « Clé Verte » de l’organisme Nature-Action Québec ? (https://www.cleverte.org/) D’entrée de jeu, je trouve qu’on aurait pu et du trouver un nom qui ne porte pas à confusion, puisqu’il existe déjà un programme de certification environnementale hôtelière « Clés Vertes » mis de l’avant par l’Association des Hôtels du Canada (AHC). Évidemment, il y a clé à molette et clé de porte, mais tout de même… On aurait pu éviter tout malentendu en choisissant d’appeler ça plutôt ; piston vert ou volant vert, je ne sais trop. Mais va pour « clé verte » puisque c’est la noble cause avant tout, qui compte ici.

Qu’on parle d’ateliers de mécanique, de carrossiers ou de concessionnaires, ceux qui y adhèrent s’engagent désormais non seulement à respecter les lois et règlements en matière environnementale, mais à adopter des pratiques allant au-delà des lois. Et un auditeur y veillera. Non non ! Pas pour écouter leurs doléances, mais pour vérifier l’audit, c'est-à-dire la validité et le sérieux de leur engagement (d’où le non d’auditeur). On les obligera en effet, grâce à un sérieux cahier de charge, à mieux gérer leurs matières résiduelles, incluant les déchets dangereux, de même qu’a gérer correctement l’ensemble de leurs  équipements et activités. Des inspecteurs mandatés par Nature-Action y effectueront au moins une visite surprise par année, pour s’assurer de la bonne marche des opérations. L’ensemble des 450 ateliers du CAA Québec, séduits par l’initiative,  devraient avoir adhéré au programme d’ici deux ans. Et on croit bien que d’ici deux ou trois ans, près de mille garages auront emboités le pas. Même des municipalités, comme Beloeil, ont décidé d’appuyer l’initiative, en payant 400$ pour chacun des 10 premiers garages de son territoire qui voudra amorcer ainsi son virage vert. Moi si j’avais un garage, je n’hésiterais pas. Car les consommateurs recherchent et rechercheront de plus en plus des entreprises responsables, garages inclus.

L’histoire ne dit pas  si le traditionnel calendrier de pitounes ou de minounes qu’on trouvera dans les garages certifiés « clé verte » seront désormais fait de papier recyclé post consommation à 100%, ça m’étonnerait, quoique…

 

 

 

 

Pour plus d'information

François Thibouthot
Adresse: Journaliste chroniqueur
Québec
Canada
François Thibouthot
Journaliste chroniqueur

François Thiboutôt est journaliste et chroniqueur. Fort de 25 ans d'expérience à l'antenne de Radio-Canada, TQS, Télé-Québec et TVA, il consacre désormais son travail de communicateur engagé, à vulgariser les grands enjeux de la consommation responsable et du développement durable. François Thiboutôt agit aussi comme consultant auprès d'entreprises et d'institutions désireuses de prendre un véritable virage vert. Il est membre de l'AProDD (Association des Professionnels en Développement Durable) Au sein de l'Agence de conférenciers en environnement et développement durable « Terre à Terre » il présente aux quatre coins du Québec, sa conférence portant sur l'empreinte écologique intitulée « L'Urgence d'une Consommation Responsable ».