Voici une nouvelle chronique sur la Sûreté du Québec. Mensuellement, des articles vous seront proposés pour mieux connaître l’organisation, ses services et ses programmes.
La Sûreté du Québec existe depuis plus de 140 ans. C’est le plus ancien service de police provincial au Canada. C’est d’abord un choix politique qui a permis la création de la Sûreté. Dès le début de la confédération canadienne, le gouvernement québécois a officialisé la mise en place de la Sûreté du Québec par son projet de loi « L’Acte de police de Québec » sanctionné le 1er février 1870.
Le 1er mai de la même année, l’organisation de la Police provinciale de Québec (PPQ) est complétée. Le gouvernement annonce alors que la PPQ pourra être mise à la disposition des municipalités, moyennant un partage des coûts. Cette dernière, « …pourra intervenir lors d’émeutes électorales, religieuses et conflits ouvriers tout en veillant au respect des lois fédérales, provinciales et règlements municipaux. »
Même si certaines dispositions de cette loi ressemblent étrangement à la situation actuelle, l’environnement économique, politique et social a beaucoup changé depuis et la Sûreté du Québec s’est adaptée aux nouvelles réalités au cours des années.
Vous vous interrogez probablement sur le pourquoi de la création d’une chronique de la Sûreté du Québec sur le Réseau d’information municipale…
La raison est simple. La Sûreté du Québec sonde continuellement l’opinion des citoyens du Québec depuis les dernières années afin d’améliorer la qualité de ses services et sa réponse aux attentes et besoins des citoyens. À l’automne 2009, un sondage a été effectué auprès des élus desservis par la Sûreté du Québec dans le cadre des ententes de services. L’objectif du sondage était d’évaluer la satisfaction et la qualité perçue de la prestation de services de la Sûreté du Québec par les élus municipaux sur leur territoire de MRC et d’identifier des priorités d’actions pouvant améliorer le tout.
Les résultats sont forts intéressants et vous en entrendrez parler de nouveau dans le cadre de cette chronique. Toutefois, une information en est clairement ressortie. La satisfaction des services rendus par la Sûreté du Québec est plus élevée auprès de ceux qui connaissent bien l’organisation.
Cette chronique servira donc à mieux faire connaître l’offre de service de la Sûreté du Québec auprès de l’ensemble des élus et gestionnaires municipaux. Si ces derniers connaissent mieux les services offerts par la Sûreté du Québec, ils seront plus en mesure de répondre aux questions et préoccupations de leurs citoyens en matière de sécurité publique.
Pour cette première chronique, le thème de la patrouille sera abordée. On y expliquera plus précisément en quoi consiste la patrouille 24 heures 7/7 jours et comment elle se planifie sur un poste de MRC.
Patrouiller jour et nuit : une bonne planification, la clé du succès !
La Loi sur la police est claire : la Sûreté du Québec a l’obligation de patrouiller sur les territoires qu’elle dessert 24 heures sur 24. Par ailleurs, depuis l’instauration du modèle de police de proximité, les policiers se doivent d’être actifs dans leur communauté et d’être à l’écoute de ses besoins. Ainsi, il ne s’agit plus simplement de répondre à l’urgence, mais aussi de travailler en amont des problématiques, et ce, en partenariat avec les citoyens et les différentes instances de la communauté. Mais comment, dans les postes des MRC, fait-on pour s’assurer d’un équilibre entre les activités de proximité et la réponse aux appels? Des collègues sur le terrain ont été interrogés pour en savoir davantage.
D’emblée, on confirme que l’un des défis quotidiens des patrouilleurs est de combiner adéquatement la réponse aux appels, qu’on désigne comme le travail commandé, et les diverses activités reliées au travail de police de proximité, comme la prévention de la criminalité et la sécurité routière, que l’on peut appeler le travail initié. Le travail commandé est assujetti au volume d’appel et aux situations d’urgence, alors que le travail initié est, pour sa part, tributaire de la charge quotidienne de travail d’un patrouilleur. Un nombre élevé d’appels dans une journée influence donc fortement la quantité de travail initié que pourra effectuer le patrouilleur.
À l’image d’autres sphères d’activité, une bonne planification est souvent la clé du succès pour ce genre de défi. Dans un poste d’une MRC, la patrouille se planifie généralement en quatre niveaux de priorités qui tiennent compte des particularités du territoire, notamment d’un diagnostic de la criminalité et de la sécurité routière effectué préalablement
1- Les priorités locales
Celles-ci découlent des problématiques signalées au poste par les citoyens et les élus municipaux. Ces requêtes sont récupérées par le parrain ou la marraine de la municipalité ou encore, elles sont acheminées directement au poste. Ex. : problématique de méfaits dans une zone spécifique.
2- Les priorités de la MRC
Celles-ci découlent d’un exercice effectué par les membres du comité de sécurité publique (CSP), en collaboration avec le directeur du poste de la MRC, afin de déterminer les actions prioritaires de la police au sein de la MRC. Ces priorités sont notamment inscrites dans un système informatisé qui se nomme « Planification des actions régionales et locales » (PARL) qui permet de faire un suivi de gestion et une reddition de compte auprès du CSP. Ex. : problématique de voitures modifiées à l’échelle de la MRC.
3- Les priorités régionales
Celles-ci sont issues d’un comité de gestion qui réunit l’ensemble des directeurs de postes et autres gestionnaires et officiers du district. Elles ne sont généralement pas incluses dans le PARL et touchent des problématiques telle qu’une augmentation des vols dans les résidences secondaires de plusieurs MRC du district.
4- Les priorités provinciales
Souvent en lien avec la sécurité routière, ces priorités sont établies dans le cadre de la planification stratégique de la Sûreté du Québec. Elles peuvent prendre la forme d’un énoncé qui vient déterminer des stratégies d’intervention. Ex : des actions nationales afin de réduire les collisions mortelles et avec blessés graves sur le réseau routier.
Par ailleurs, différents outils sont mis à la disposition des gestionnaires des postes et des districts pour faire ces analyses et dégager des priorités telles que le Tableau de bord de gestion et le PARL. L’ensemble des priorités établies guide quotidiennement les actions posées par les membres des postes.
Ainsi, les patrouilleurs sont bien outillés pour répartir leur quart de travail en fonction des besoins et des problématiques du territoire où ils sont affectés. Entre la réponse aux appels d’urgence qui reste prioritaire, ils sont amenés à réaliser plusieurs tâches allant des activités de prévention de la criminalité auprès des citoyens, aux présences à la cour qu’ils doivent effectués, en passant par des opérations radars planifiées et des opérations pour faire respecter la multitude d’articles du Code de la sécurité routière et les règlements municipaux.
Mais, si la patrouille est si bien planifiée, pourquoi plusieurs citoyens ont-ils l’impression qu’ils ne voient pas la police assez souvent? Peut-on croire à un manque d’effectifs policiers?
Bien qu’il n’y ait pas de normes officielles qui déterminent le nombre d’effectifs policiers sur le territoire, les services de police du Québec se basent en général sur des données comme la population, la charge de travail et les spécificités du territoire pour faire leurs évaluations. Par ailleurs, au moment de la négociation de l’entente de service avec la MRC, la Sûreté du Québec dépose un plan d’organisation des ressources policières (PORP) au CSP. Celui-ci permet de déterminer, à la suite d‘analyses exhaustives, l’ensemble des ressources humaines et matérielles nécessaire pour assurer une desserte qui répond, selon la taille des municipalités qui composent la MRC, à un service adéquat et de qualité. Le PORP détermine également le nombre minimal de ressources policières que la Sûreté du Québec s’assurera d’avoir en tout temps sur chaque quart de travail.
Le nombre approprié d’effectifs étant attribué, on peut croire que le problème réside davantage au niveau de la visibilité des patrouilleurs qu’au nombre d’effectifs policiers alloués sur un territoire donné.
Une grande difficulté pour une organisation policière comme la Sûreté du Québec est l’immense territoire qu’elle doit couvrir quotidiennement; les postes des MRC desservant pour la plupart des zones rurales ou semi-rurales. La réalité de ces zones exige une stratégie de patrouille différente qu’en milieu urbain. En effet, l’étendue du territoire, la densité de population moins élevée et un nombre moindre d’appels de service suggèrent une répartition différente des effectifs comparativement aux zones urbaines. Les patrouilleurs parcourent de plus longues distances, même si le ratio policier/habitant est similaire. Il est donc évident que lorsqu’un grand territoire est desservi par deux, trois ou quatre voitures de police, les citoyens ne voient pas aussi souvent une voiture de patrouille que ceux qui résident près des artères principales ou dans un centre urbain. Toutefois, cela ne veut pas dire pour autant que les policiers sont absents.
Ayant compris que la visibilité est un enjeu déterminant qui influence non seulement la satisfaction des citoyens, mais aussi leur sentiment de sécurité, les postes mettent sur pied un plan afin de maximiser la visibilité des policiers sur le territoire. Diverses actions sont posées en lien avec ce plan tel que la distribution de cartons de visite, la visite de commerce et la tenue de kiosques à divers évènements. Aussi, la patrouille dirigée à travers le PARL permet de vraiment cibler celles-ci en fonction des besoins exprimés par le CSP et la population.
Ainsi, le citoyen doit se questionner : est-il plus important pour lui de voir la police circuler sur sa rue quotidiennement, ou plutôt de savoir qu’il peut compter sur une réponse aux appels de services faite avec diligence selon le niveau de gravité de la situation? De plus, une telle répartition du travail permet aux membres policiers des postes d’être plus disponible pour travailler sur des problématiques de sécurité publique et ainsi améliorer la qualité de vie et le sentiment de sécurité de la communauté, au lieu de simplement patrouiller et attendre des appels.
La Sûreté du Québec travaille donc chaque jour à maximiser la qualité de sa présence sur le territoire. Elle souhaite être le plus visible possible et desservir la population de la façon la plus optimale, là où il y a des besoins.
Des questions? Des commentaires? N’hésitez pas à nous écrire à : chroniquedrmc@surete.qc.ca