Lancée mardi dernier par Les Arts et la Ville et ses partenaires, la campagne Lettres d'amour à ma ville culturelle invite les citoyennes et citoyens, les actrices et acteurs de tous horizons à exprimer leur attachement à leur ville ou municipalité à travers une lettre. De Gaspé à Gatineau, plus de quarante personnalités issues de la culture, de l'éducation, des affaires et du milieu communautaire ont donné le coup d'envoi à cette initiative collective qui se poursuivra jusqu'au scrutin du 2 novembre 2025.

Les lettres reçues à ce jour composent un portrait vibrant du Québec culturel. Elles parlent de ce que nous espérons, de ce que nous défendons et de ce qui nous relie.

Le souffle collectif qui traverse toutes ces voix

D'abord, celui du territoire, où la nature et la culture s'entrelacent. Plusieurs lettres associent la beauté des paysages à celle des gestes créateurs : une même source d'émerveillement, une même responsabilité de transmission. Les villes et villages deviennent des écosystèmes sensibles où la culture participe à l'équilibre du vivant.

En Beauce, elle devient souffle et résistance, portée par celles et ceux qui refusent le désert culturel (Nady Larchet). Et à Gatineau, l'art s'enracine dans la forêt et les rivières, rappelant que, sans les forêts, nos corps s'assèchent, et sans l'art, nos âmes aussi (Milena Buziak).

Vient ensuite le thème de la communauté. La culture y est présentée comme un acte partagé, né de la solidarité et du courage collectif. Les correspondances parlent d'entraide, de celles et ceux qui bâtissent la vitalité d'un territoire à la seule force du lien humain. La création n'y est jamais solitaire : elle se construit à plusieurs, dans les cafés, les écoles, les ateliers et les parcs, jusqu'à devenir une manière d'habiter le monde.

À Saint-Élie-de-Caxton, la culture « se distille à plusieurs » dans un garage transformé en lieu d'accueil et de joie (Jeannot Bournival). À Saint-Prime, elle prend la forme d'un langage commun où se rencontrent élèves, citoyens et nouveaux arrivants (Marie-Ève Guy).

Plusieurs lettres évoquent aussi la mémoire et le patrimoine, non pas comme une nostalgie, mais comme un socle d'émancipation. Les villes sont aimées pour ce qu'elles ont préservé bibliothèques, musées, lieux de rassemblement mais aussi pour ce qu'elles osent transformer : une église devenue lieu d'art, un garage devenu salle de spectacle.

À Rouyn, la mémoire vivante passe par la bibliothèque, le musée, l'université preuves d'un long combat citoyen pour la connaissance (Lise Bissonnette). Et à Montréal, la défense du patrimoine devient acte de justice sociale et de démocratie urbaine (Bernard Vallée).

Enfin, un même horizon traverse les récits : celui d un pacte vivant entre les gens et leurs milieux. Ces lettres refusent de réduire la culture à un divertissement ou à un luxe. Elles la décrivent comme un service essentiel, un bien commun, un contrat moral entre citoyens et institutions. Elles rappellent que la culture, au-delà de ses formes, nourrit la confiance, la santé du lien social et la capacité de rêver ensemble.

À Québec, la culture est célébrée comme une véritable « nourriture pour l'âme, la créativité et la santé mentale », omniprésente dans les rues, les musées et les salles de concert (Britta Kröger). À Petite-Vallée, elle devient une manière de « chanter plus fort que la mer », de survivre et d'espérer ensemble (Alan Côté). Et à Saint-Jean-de-Matha, elle révèle la force du collectif et la puissance de la vie communautaire, moteur du développement local (Simon Brault).

De ces voix diverses se dégage une conviction : une ville culturelle est une ville qui se connaît, se reconnaît et se raconte. Et à travers ces lettres d'amour, c'est tout un pays qui cherche à se nommer.

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